DOMAINE de CRUVIERS-LARNAC
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selon l'armorial du diocèse d'Uzès cité par d'Albiousse
"de vair à un chef losangé d'or et d'azur"
Le lieu dit de Cruviers et un peu
plus tard de Cruviers-Larnac trouve son étymologie dans ces petits cupules ou
trou laissés dans le rocher sur lequel les habitations s’appuient, qui sont les
traces laissées par les oursins, pris dans la boue, devenue molasse puis
pétrifiée aux temps néolithiques, probablement au jurassique, quand la mer
s’est retirée au moment du grand mouvement tectonique qui a vu s’élever le
massif central et particulièrement les montagnes des Cévennes. Une très
sérieuse étude diligentée par un éminent professeur de la Faculté de
Montpellier, dont nous n’avons pas noté le nom, a fait une démonstration de
cela avec à l’appui des photos prises sur les lieux. On trouve pareilles roches
un peu partout dans le secteur comme en atteste l’ouvrage de Monsieur Larnac
sur l’aqueduc romain du Pont Du Gard. Et Frédéric Mistral, nous confirme cette
étymologie dans son « Trésor du Félibrige ».
Il est facile d’imaginer que sur
les rives d’une mer ou d’un grand lac, des populations s’étaient établies.
Cette hypothèse se vérifie puisque nous avons trouvé ici une stèle
anthropomorphique à peu près sûrement de cette époque.
Un lieu occupé depuis des temps
immémoriaux puis plus tard par les romains qui avaient établi là un ensemble de
bâtiments, comme en attestent de nombreux vestiges, de tuiles ou poteries,
ainsi que plus tard une photo aérienne, sur un autre lieu plus bas dans la
plaine, confirmant l’emplacement de plusieurs bâtiments importants.
La situation de Cruviers, comme celle
de Saint Médiers, répond exactement à la description type de la villa romaine,
adossée à la colline, à proximité de terres cultivables en plaine, et bâtie sur
le roc.
La situation dominante a ainsi
été érigé très tôt en ouvrage de défense des accès de la cité d’Uzès par le
nord, se situant au croisement des grands axes connus et dont on peut encore
trouver des traces à travers bois, routes qui allaient du sud au nord et
d’ouest en est, plus tard connues par les appellations route de St Médiers à St
Quentin et au delà vers le Rhône, route d’Uzès à St Ambroix, qui se croisaient
exactement au centre des bâtiments de Cruviers.
Le lieu devenu fief est souvent
cité dans les diverses archives, jusqu’à ces jours mémorables des 12 et 13
septembre 1703 où une quinzaine de Camisards, conduits par Moïse Nicolas, après
avoir massacré les habitants de Potelières attaquent le hameau de Cruviers près
Montaren. Ils incendient trois maisons et 8 personnes meurent, massacrées ou
carbonisées, dont Marie Larnac femme de Paul âgée de 57ans et ses quatre
enfants, dont Marie 14 ans, Isabeau 9 ans, Firmine 17 ans, Catherine Courtin
âgée de 25ans, enceinte de cinq mois, Jean Chapelier âgé de 80ans et sa femme
invalide âge de 70 ans, qui est consummée dans sa maison incendiée. Le même
jour les deux métairies de Mayac ( appartenant au Chapitre d’Uzès) Mas Vieux et
mas de Mayac, sont incendiées. La femme du fermier, son fils et le berger sont
assassinés « par la main meurtière des fanatiques ».
Les frères Larnac, le mari de Catherine Courtin, le fils
Chapelier réussirent à s’échapper. N’étaient restées dans la métairie, que
femmes, vieillards et enfants avec deux valets, nouveaux convertis. Les
Camisards, après avoir vérifié l’identité de ces deux derniers, les libérèrent.
sources : le Républicain d’Uzès et le document reproduit par Henri
Bosc dans son ouvrage sur la guerre des Camisard. ( Henri Bosc La guerre des
Camisards T 2 Presses du Languedoc 1986) Le document
original se trouve aux archives départementales de l’Hérault : C 267
ravages des Camisards et aussi l’ouvrage de Marcel Pin sur Jean Cavalier page 256 éd. Laffite Reprints 1980
Voir article suivant : Le massacre de Cruviers
Les habitants de Saint Médiers
prirent des dispositions pour protéger le village. Une délibération du Conseil
municipal rapporte : « qu’en
raison des massacres qui ont eut lieu dans le voisinage et par crainte des
brigands camisards, il est nécessaire de fermer les rues par des barrières
fermées à clé ». Ils avaient tout lieu de se prémunir conte
d’éventuelles attaques car le 5 janvier de la même année, il y avait déjà eu le premier massacre de
Belvézet. Et le 14 novembre le hameau de La Baume sera brûlé.
(archives municipales de Montaren 1703-1704)
Ainsi peuvent s’expliquer les
traces très nettes d’incendies sur de vieilles
pierres brûlées que l’on trouve ici et là dans les bâtiments. Nous
n’avons que peu de renseignements sur les bâtiments. Un seul plan très ancien
de 1887 et établi par un géomètre d’Uzès est assez explicites sur la situation
des lieux. Par ailleurs une bonne observation du bâti, en le comparant avec des
bâtiments de ferme de la région, fait apparaître les mêmes piliers en pierre
supportant une poutre en fer soutenant l’étage supérieur, au bâtiment de
l’ancien pailler et au bâtiment de l’ancienne magnanerie. Le seul usage des
poutres en fer est très récent et c’est bien connu. Par ailleurs c’est la même
voûte au portail d’entrée du pailler, côté ancienne étable et à l’entrée de la
bergerie. C’est construction sont postérieures à 1887 puisqu’elles ne sont pas
sur le plan établi à cette date. Ces premiers grands travaux ont été diligentés à la demande d'Edmond Rode époux de Henrieette Anne Marie d'Amoreux et sa belle soeur Lucie Marie Charlotte d'Amoreux, épouse de Léon Bayle au titre de leur héritage d'Amoreux ( fille de Charles d'Amoreux - leur frère Gaspard Augustin étant décédé) pour construire et aménager deux fermes dans le lieu-dit Cruviers, en 1889. C 'est ainsi que ce bien "d'Amoreux" passe aux Rode et aux Bayle. Car Cruviers est un bien "d'Amoreux" et non un bien "Rode". Quant aux bâtiments d’habitation du bas, la
façade et la quasi-totalité du bâtiment, hormis la façade Nord, ont été mis à
bas dans le cadre des grands travaux que Maurice Rode - fils d'Edmond - avait fait exécuter dans
les années 1903 à 1907, et nous avons la preuve par les photos qu’ils avait
prises à cette époque.
Par ailleurs, grâce aux travaux
de Lionel d’Albiousse sur les anciens propriétaires des lieux et aux
renseignements qu’il a recherchés dans les archives municipales et dans celle
du duché à la demande de nos ancêtres directs quand il sont devenus à leur tour
propriétaires des lieux, renseignements que nous avons pu, grâce aux moyens
modernes, vérifier et compléter comme nous allons le voir, nous pouvons établir
de façon certaine et compléter, preuves à l’appui, la liste des différents
seigneurs de Cruviers,
Cruviers, fief relevant du
château ducal d’Uzès, appartenait à la famille de Bargeton.
La maison Bargeton, originaire du diocèse d'Uzès,
fut anoblie par lettres patentes de François 1er du mois de novembre 1553, en
la personne de Mathieu de Bargeton, Seigneur de Lédenon, demeurant à Uzès.
Pierre son arrière petit-fils fut condamné comme
usurpateur de noblesse, faute d'avoir produit devant M. de Bezons, l'original
des dites lettres d'anoblissement; il se pourvut en conseil du Roi obtint un
arrêt le 31 mars 1672 qui, en le maintenant dans sa noblesse, nonobstant qu'il
ne rapportât pas l'original des lettres d'anoblissement, dont Sa Majesté le
dispensait, considération de ses services et de ceux de ces prédécesseurs,
ordonna qu'il jouirait des privilèges attribués aux autres gentilhommes du
Royaume. Cet arrêt fut confirmé par des lettres patentes du Roi données à Saint
Germain en Laye le 18 avril 1672
(d'Hozier. Armoirial Général T II R).
Les armes des Bargeton sont :
« d'azur à un chevron d'or accompagné d'une rose d'argent posée à la
pointe de l'écu, au chef d'argent chargé de trois croisettes de gueules ».
En 1585, Louis de
Bargeton était Seigneur de Cruviers. Marié en 1608 avec Marguerite de Massane,
ce couple eut trois enfants, Suzanne, Isabeau et Pierre.
Suzanne épousa Henri de
Narbonne-Caylus, baron de Lunas, de la noble et puissante famille des Aimeri et
Amalric de Narbonne. Leur fils, Pierre-Jean de Narbonne-Caylus, hérita du fief
de Cruviers.
Les armes des Narbonne-Caylus sonr :
"écartelé n 1 et 3 de geules plein qui est Narbonne et au 2 et 4 d'azur au léopard d'argent qui est Lunas "
En date du 16 mars 1693, il
vendit ce fief à Pierre de Larnac, écuyer, habitant d’Uzès.
Pierre Larnac eut une fille Louise
qui se maria avec Jacques Israël Delgas ( Société Historique du Protestantisme.SHPF -
bulletin de 1913) . De
ce mariage naquit Marie, qui reçut le baptème en date du 20 septembre 1745.
Son père, qui par son mariage avec la fille de Pierre de Larnac était devenu
titulaire du fief de Cruviers, avait été accusé de cacher le pasteur Pradel. Il
avait été arrêté et enfermé au fort de Brescou. Par la suite il avait émigré à
Genève où il mourut.
La famille Delgas était une famille
protestante d’Uzès issue d’Israël Delgas notaire royal de la ville Le père de
Jacques Israël Delgas, fils d’Israël, qui se prénommait Louis, avait épousé sa
cousine germaine Suzanne Delgas. Poursuivi à cause de sa religion, il avait
quitté Uzès pour Londres en 1699. Il devait par la suite être naturalisé à
Neufchâtel en Suisse. Son épouse Suzanne étant malade, il était revenu à Uzès
en 1719. Reconnu et dénoncé, notamment par un billet du Duc de Roquelaure, il
avait été arrêté par le Commandant d’Uzès, M.de Préfosse et enfermé à la Tour
de Constance, comme en atteste la liste des prisonniers de cette sinistre tour.
Il fut libéré comme « fou », sans doute se fit-il passer pour tel,
comme le précise le livret d’écrou. Il fut contraint d’abjurer le 19 juillet
1719 et put ainsi rester auprès de sa femme. Plus tard, il émigra avec elle
pour la Suisse, où il avait été naturalisé, à Neufchâtel, dès 1711.
Jacques Israël Delgas, époux de
Louise de Larnac
Seigneur de Cruviers par sa femme.
Accusé de cacher le Pasteur Pradel, il est arrêté et enfermé au fort de
Brescou
On relève sur le registre d'écrou de la Tour des Masques, un Sr Delgas,
d'Uzès, seigneur de Cruviers comme pris dans une assemblée de culte, dans le
Gard, en 1745, devenu fou et libéré en 1746
" en 1745 ,
autour de st Ambroix, se tenaient des assemblées très fréquentes. L'officier du
lieu finit par obtenir l'autorisation d'en surprendre une, et il y arrêta le
médecin Antoine Roux. Le prisonnier, conduit à Aigues -Mortes, y fut écroué
dans la chambre haute de la Tour des Masques ( octobre 1745). Un mois après il
était transféré à Montpellier et condamné aux galères. Il avait été remplacé
dans sa cellule, le jour même où il l'avait quittée, par le Sr Delgas, d'Uzès,
qui était seigneur du village de Cruviers. Delgas était coupable d'avoir mené
sa femme aux assemblées du Désert. Il soutint fermement six mois de prison à la
Tour des Masques, mais il passa alors par des acès de folie. Combelles dut le
faire garder à vue et demanda sa libération: " il était assez puni d'avoir
perdu l'esprit". Il fut reconduit à Uzès ( août 1746).
On trouve tous ces renseignements
dans le Bulletin de la SHPF,et dans le
livre de Charles Bosc sur la Tour de Constance.
Par le mariage de Marie Delgas avec
Louis de Broche, le fief de Cruviers est passé dans cette famille.
La famille de Broche est issue d’une
très vieille famille
Les premières armes des de Broche
sont :
"Ecartelées en 1 et 4 à trois gerbes ( ou brosses) d’or lièes sur
champ d’azur qui est de Brosse ; "
Ces armes sont sculptées dans une des salles du Palais de la sénéchaussée de Nîmes
Mais on trouve
aussi :
" d’azur, à un oranger d’or dans
sa caisse de même posée sur une terrasse de sable, au chef cousu de gueules,
chargé de trois étoiles d’or, "
( avec
une variante : trois étoiles d’argent)
Ce sont les armes des de Broche de Cruviers
les armoiries des de Broche de Cruviers sont les suivantes :
En 1788 noble Louis de
Broche, chevalier, était seigneur de Cruviers.
Il mourut sans descendance, en
date du 28 mai 1843. Appartenant à la religion réformée, il fut enterré sur
place dans son fief de Cruviers, à un endroit qui n'a été découvert que récemment, en 2015, grâce à un courrier trouvé dans nos archives, du fermier en exercice adressé à Maurice Rode, au moment des travaux de 1905 à 1908 .
24 Fructidor An V
Un partage attribue une part du
territoire de Cruviers à Marie Rose Larnac.
Une parcelle du lot revenant à
celle-ci confronte Veuve Broche (Il est probable que cette veuve Broche est la
veuve d’un de Broche dont le nom s’est altéré pendant la Révolution, peut-être
Louis de Broche).
Le domaine était donc à cette
époque, partie aux Larnac, partie aux de Broche (peut-être d’autres encore).
Acte reçu par Me Delafont notaire à Uzès et Me Cade
notaire à St Quentin.
3 Août 1833
Marie Rose Larnac fait donation
de ses biens à un sieur Valentin ( bien détaillés dans le partage du 24
Fructidor An V (mais elle devait en avoir d’autres comme le constate l’acte
suivant.)
Acte reçu par Me Dufour notaire à Uzès.
1er Mai 1835
Acte de partage entre les hoirs
Larnac.
Il y avait donc à cette époque à
Cruviers, de Broche, Larnac et Valentin.
Acte reçu par Me Moustardier notaire à Uzès
1er Octobre 1837
Valentin vend tout son domaine à
Daniel de Broche.
Il n’y a plus que deux
propriétaires : de Broche et Larnac.
1837
Pierre Paul Larnac devient
héritier des biens Larnac
1838
Il meurt à Montaren, instituant
sa femme légataire universelle.
Testament reçu par Me Delafont notaire à St Quentin
le 20 Mai 1838.
17 Août 1881
La femme Roman (Veuve Larnac)
vend ses biens à Prosper Louis Bonnaud, gendarme en retraite.
Acte reçu par Me Dumas notaire à Uzès.
14 Janvier 1894
Prosper Louis Bonnaud meurt. Son
bien reste indivis entre 6 héritiers.
19 Avril 1896
Achat aux dits héritiers par
Monsieur Edmond Rode, des biens qu’ils avaient en enclave dans la partie Est de
Cruviers. (partie attribuée à Madame Rode dans la succession de son père
Monsieur Charles d’Amoreux).
Vers la même époque, achat aux
mêmes héritiers, par Monsieur Fournier, propriétaire à Vaugrand, commune de
Montaren, de toutes les enclaves situées dans la partie Ouest de Cruviers (part
de Madame Bayle).
Ces enclaves sont encore
actuellement à Monsieur Fournier ( en 1905 ).
Biens de Broche
1846 Monsieur Daniel de
Broche étant décédé, un rapport d’experts est établi
(19 Novembre 1846) contenant
partage entre les héritiers de Broche qui sont :
- A - Madame Milliet de Balazuc, née de Lattes de
Luziers
- B - Madame Couderc née de Latour Lisside (*)
-
Madame Martin née de Latour Lisside
-
Monsieur Marc Antoine de Latour Lisside
-
Les enfants de Maillan , Jules, Amédée, Hélène religieuse et
-
Auguste, nés sans doute d’une autre dame de Latour Lisside
Les armes de la famille Latour-Lisside sont :
"d'or à une tour d'azur maçonnée de sable, au chef cousu d'argent chargé de de deux étoiles et d'un croissant d'azur "
Armorial du Diocèse de Nîmes p. 83
(*) On trouve aux archives de France, dans le fonds
Bro ( général du 1er Empire) des papiers concernant cette famille
ainsi que des documents sur une affaire opposant cette famille aux Quatrefages.
Cette affaire dite affaire "Quatrefages/Latour-Lisside" se résume ainsi :
Le 10 juin 1845, peu de jours après le décès du sieur de
Broches, il fut adressé par un anonyme,
et par la voie de la poste, à M. le président du tribunal d'Uzès, un testament
olographe signé Daniel, chevalier de Broches, par lequel celui-ci instituait
pour son légataire universel le sieur
Quatrefage du Fesque, et faisait, en outre, divers legs particuliers.
La lettre d'envoi qui ne portait aucune date, et servait
d'enveloppe au testament était ainsi conçue :
« J'ai trouvé ces papiers à la route de
St-Quentin. De peur d'être en faute, je les remets à son adresse en venant de Larnac. Je suis
cultivateur.»
Ce testament fut immédiatement déposé dans les minutes de Me Moustardier,
notaire à la résidence d'Uzès, suivant ordonnance du président du tribunal
rendue le même jour, 10 juin.
Le sieur Latour- Lisside , héritier légitime, ayant appris
l'existence du testament, déclara aussitôt par acte extrajudiciaire signifié le
10 juin au sieur Quatrefage, « qu'il
déniait d'ores et déjà les écriture et signature apposées à cet écrit ou à tout
autre qu'on pourrait présenter plus tard, comme n'étant pas l'ouvrage du
chevalier de Broches, mais bien le résultat d'une fraude dont le sieur
Latour-Lisside se réservait de poursuivre les auteurs et complices; qu'en
conséquence ce dernier faisait opposition à toute ordonnance d'envoi en possession...
et à la prise de possession des biens etc.» Il est même allégué par le sieur Latour- Lisside
qu'il se serait en même temps transporté chez le président pour le prier de ne
point rendre l'ordonnance d'envoi en possession sans l'en prévenir, à quoi ce
magistrat aurait répondu qu'il ne pouvait adhérer à cette demande, parce
qu'elle était contraire aux usages de la justice.
Le même jour 10 juin, le président rendit, en effet, son ordonnance d'envoi en
possession sur la seule requête du sieur Quatrefage. Le sieur Latour-Lisside signifia alors au greffier du tribunal un acte extrajudiciaire
par lequel il déclara s'opposer à la délivrance de l'expédition de
l'ordonnance.
Le sieur Quatrefage, muni de la permission du président,
actionna les opposants en référé pour obtenir la main-levée de cette opposition
qui fut prononcée par ordonnance du 14 juin.
Le 26, le sieur Latour-Lisside auquel se joignirent différents autres héritiers
naturels du chevalier de Broches, assigna à son tour, en vertu d'une
autorisation du président, le sieur Quatrefage devant ce magistrat, concluant à
ce qu'il fût jugé que l'ordonnance d'envoi en possession serait rétractée, les
demandeurs remis en possession des biens de l'hérédité, et subsidiairement que ces mêmes biens seraient séquestrés
provisoirement jusqu'à décision ultérieure par les juges du fond. Le 5 juillet nouvelle ordonnance qui rejeta
l'opposition, et, sans s'y arrêter, ordonna de plus fort l'exécution de la
première.
A partir de là la tension monta entre les hétiers de Broche ( les Latour-Lisside neveux et petits-neveux du chevalier) et M.Quatrefage du Fesque qui se prétendait, du fait de ce document trouvé dans le fossé de la route ( 1) légataire et seul héritiers des biens de Broche.
Finalement de jugements en appel les héritiers légitimes du chevalier de Broche obtinrent gain de cause et la vente des biens de Broche à Charles d'Amoreux put enfin avoir lieu selon les indications qui suivent .
Note ; par la branche de Broche de Saint André du château des Barbuts , M de Quatrefages du Fesq est un parent du Chevalier de Broche de Cruviers mais à un dégré plus éloigné que les neveux du dit Chevalier de Broche de Cruviers
Entre 1846 et 1851, Madame
Martin et Monsieur Marc Antoine de Latour Lisside étant morts, leur part
revient partie à Madame Couderc, partie à la branche de Maillan (*)
(*) de Maillan, famille originaire du Gévaudan où elle
possédait la seigneurie de Lacaze.
Les armes de la famille de Maillan sont :
"d’or à l’aigle déployé
de sable, armé de gueules, écartelé d’azur à deux molettes d’éperon d’or et d’un maillet de même en
cœur."
Madame Couderc meurt à son tour.
La part revient à ses enfants :
Adrien
Couderc chanoine à Nimes (*)
Jean
Victor Adolphe
Léopold
Madame
Jules de Maillan
(*) Félix
Adrien Couderc de Latour Lisside + le 15 décembre 1865 à Nîmes. Chanoine
théologal de Nîmes, auteur d’une biographie de Monseigneur de Chaffoy évêque de
Nîmes. Il publie aussi « Entretiens d’un prêtre avec lui-même, disposé en
forme de lecture pour servir à sa retraite annuelle, ou dans l’intervalle d’une
retraite ecclésiastique. Nîmes. Bodot 1857 in-18 raisin de 5400p.
Plusieurs lettres du Père d’Alzon citent le chanoine
Couderc et son frère Léopold.
10 Avril 1851 par acte
sous seing privé signé au château de Cruviers, Madame Milliet de Balazuc vend
sa part au chanoine Couderc.
Acte sous seing privé fait en double au château de
Cruviers, enregistré à Uzès le 3 Mai 1852 et déposé dans les minutes de Me
Moulin, notaire à Uzès.
A la même époque, Monsieur
Auguste de Maillan cède sa part au chanoine Couderc.
Restent donc en 1852 les
possesseurs suivants des terres de Cruviers ayant appartenu à Monsieur Daniel
de Broche :
1/ Le chanoine Couderc pour les
2/3
2/ Les frères Jean Victor
Adolphe, Léopold et leur sœur Madame de Maillan.
3/ Ses cousins Jules de Maillan,
Amédée de Maillan et Hélène de Maillan.
13 Novembre 1854 vente de
toute la partie de Cruviers ayant appartenu à Daniel de Broche, par les
héritiers Couderc et de Maillan, à Monsieur Jean Charles d’Amoreux.
Acte reçu par Me Conte notaire à Nimes.
Armoiries de la famille d'Amoreux:
"de gueules au coeur d'or accolé
en pointe d'un croissant d'argent, au chef d'azur, chargé de deux flèches
d'argent, posées en sautoir, accostées de deux étoiles du même"
Armorial de la noblesse du Languedoc - Grand Armorial de France de Jougla de Morenas
22 Février 1880 décès de
Monsieur Jean Charles d’Amoreux.
2 Mai 1882 partage sous
seing privé entre les deux filles de précédent, Madame Rode et Madame Bayle.
Madame Rode a la partie Est, (soit le domaine de Court, la ferme basse, et ma laison de la place aux Herbes à Uzès) Madame Bayle la partie Ouest.( la ferme haute, et le domaine de St Médiers)
C'est dans la maison de St Médiers passée aux héritiers Bayle c'est à dire les Tribes que la famille Stengel se réfugiera en août 1944 pendant l'occupation de Cruviers par les troupes allemandes à la débâcle. ( voir le récit du bombardement ci après)
Les enfants sont alors nourris par la famille Simon.
D'importants travaux sont entrepris en 1882 par Monsieur Edmond Rode et sa belle soeur Madame Bayle.
L'observation du cadastre de 1887, et l'emplacement des bâtiments actuels permet de comprendre la physionomie actuelle du Mas, excepté pour les biens Bonnaud dont la maison qui est encore sur cet ancien cadastre, sera soufflée par l'explosion d'une bombe en août 1944. Cette maison sera remplacée en dommage de guerre par l'actuelle maison en crépis rose. Les ruines sont le support de l'actuel parking devant la maison rose.
On aménage et on construit le pailler ( actuelles chambres d'Hôtes) et la bergerie. ( qui ne sont donc pas des bâtiments du 18 ème !)
On refait le branchement de la citerne.
On aménage des magnaneries,
On construit poulaillers et cochonniers .
On refait les murs d'enceinte et on met en place dans les deux lots des portails.
Sont utilisées des pierres de tailles et déjà des poutres en fer soutenues par le même type de pilier en pierres de taille qu'on retrouve un peu partout dans les grands mas de la région. Voir les piliers au bâtiment du pailler et les piliers du bâtiment du bas sous l'ancienne magnanerie: ils sont exactement les mêmes et ils supportent des poutres de fer qu'on commence à utiliser alors dans les constructions nouvelles et qui "exploseront " avec la Tour Eiffel.
Les portes de la bergerie ( aujourd'hui transformée en fenêtre ) et celle du pailler (donnant aujourd'hui sur le salon de l'appartement), sont aussi exactement de la même pierre et de la même taille de la même forme, en "anse de panier" et de la même dimension à quelques centimètres près.!.
On retrouve ve type de grande porte un peu partout dans les mas de la région.
L'ensemble des travaux s'élève à plus de 25000.000 francs.
10
Mars 1891 Décès de madame Rode
6
Octobre 1892 Dans un partage entre les quatre
enfants de madame Rode, le domaine est attribué
indivisiblement à Maurice Rode et à Madeleine Rode.
16
Septembre 1895 Dans un partage entre Monsieur
Maurice Rode et Mademoiselle Madeleine
Rode, le domaine est attribué en entier à Monsieur Maurice Rode.
Acte enregistré à Nevers le 9
Octobre 1895
19
Avril 1896 Achat par Monsieur Maurice Rode aux héritiers Bonnaud, de la partie des biens Larnac enclavés dans son domaine.
7 Mai 1900 Décès de Madame Bayle.. Ses enfants Monsieur Charles
Bayle et Madame Tribes recueillent sa
succession et restent indivis.
23 Novembre 1901 Vente par Monsieur Charles Bayle et Madame Tribes de leur Domaine
de Cruviers (partie Ouest) à Monsieur le Docteur Gourbeyre,
d’Ambert, beau-père de Monsieur Maurice
Rode, possesseur de la partie Est du
domaine.
Acte passé devant Me Carrière notaire à Nimes
En résumé, sont
possesseurs, en Juin 1905
Partie EST -
Monsieur Maurice Rode
Partie OUEST -
Monsieur Gourbeyre
Avec quelques enclaves situées
dans la partie Ouest, propriétés de Monsieur Fournier, de Vaugrand
C'est à ce moment là que Maurice Rode fait entreprendre de grands travaux à la maison de maître de la ferme du bas . Ces travaux dureront 5 ans, de 1904 à 1909
De tout ceci, il résulte qu’il y
a eu autrefois, avant la Révolution, au 17ème siècle, comme possesseur de
Cruviers, une famille Larnac, écuyer. Cette famille a du décliner. La plupart
des terres sont allées aux de Broche qui en étaient devenus seigneur en 1788.
Cependant il y avait encore simultanément, à l’époque de la Révolution et
jusqu’en 1846, des Larnac et des de Broche.
Les de Broche avaient la maison
de maître et la ferme d’en haut.
Les Larnac ( et incident
Valentin) habitaient le bâtiment à peu près en ruines sur le chemin de Saint
Quentin à Saint Médiers (*)
Ils avaient aussi la maison sur
la grande route (cédée à la famille Barthélémy), et le jardin de la fontaine.
Après quelques années qui suivent
la mort de monsieur de Broche, la situation était rétablie comme de son
temps : Charles d’Amoreux ayant la maison de maître et la ferme d’en haut,
la Veuve Larnac ayant les mauvais bâtiments sur le chemin de St Quentin à St
Médiers et des terres enclavées un peu partout
Cette décadence des Larnac s’est
achevée par la succession Bonnaud qui a fini par revenir au domaine principal
(sauf quelques enclaves à Fournier).
En Juin 1905, Monsieur Rode a la
partie Est, son beau-père la partie Ouest (sauf enclaves Fournier).
Madame Rode étant fille unique,
le domaine doit être reconstitué un jour par la réunion des parties Est et
Ouest.
Maurice Rode étant décédé en 1914, Mort au Champ d'Honneur, son épouse Andrée Gourbeyre procède au partage des biens entre ses trois enfants.
Le domaine de Cruviers-Larnac est attribué en totalité à Marie Rode, qui épouse Aloïs Stengel.
Août 1944 après le débarquement en Provence, la maison de Cruviers est occupé par l'Etat-Major d'un régiment allemand qui tente depuis Alès de rejoindre la vallée du Rhône. L'occupation ne dure que trois jours.
Les enfants sont envoyés à Saint Médiers et ils logent dans la grande maison Bayle/Tribes dans le centre de Saint Médiers. Ils ont accueillis par la famille Simon.
Marie Rode et Aloïs Stengel veinnent tous les jours s'occuper du bétail.
L'occupation est sans problème et les lieux, les meubles et les objets sont respectés. Mais le 27 août un évènement important va se passer. En voicii le récit :
De Marie Rode
à sa Mère Andrée Gourbeyre épouse Rode ( extraits )
Cruviers le 15/9/44
J’espère que vous aurez eu ma carte après plusieurs
lettres vous disant que nous allions tous bien, malgré le bombardement. Et oui,
3 jours après ma dernière lettre, alors que plus aucune troupe allemande ne
passait, le tournant de la route a été visé et nous avec. Il était 7h ½.
Je sortais pour étendre du linge quand les bombardiers ont passé. Puis je les
ai vus tourner et revenir. Aloïs arrivait de faire manger le cochon. Je lui
dis " on dirait que les avions viennent vers nous » . « Pour
quoi faire, dit-il, il n’y a plus rien ». nous rentrons au salon. Au même
moment on entend l’avion piquer et les vitres volent en éclat .Nous nous précipitons
pour chercher Paul. Le pauvre riait, enchanté de ce vacarme. Arrivons devant la
cave, la porte était déjà coincée. Nouvelle hâte vers la dépense, près de la
cuisine, où nous nous sommes réfugiés jusqu’à la fin ; les vitres ayant
déjà sauté, nous n’avons pas été blessés. Mais quelles minutes ! … Il
semblait que tout s’effondrait sur nous ! Quand nous sommes sortis,
c’était minable. Les plâtres, les vitres, etc.. Tout ce qui était galandages
est tombé ou est à refaire. A la salle à manger, la suspension a volé de
l’autre côté. La clef de l’armoire était vers la fenêtre ! Heureusement
l’intérieur n’a pas souffert. Dans les placards il y a quelques dégâts mais les
meubles n’ont pas grand-chose. De votre côté, le couloir est réuni aux
chambres. On va mettre quelques grands rideaux pour tamiser un peu l’air. Les
chambres du bout sont inhabitables, n’ayant plus de cloisons, ni plafonds. Au
Nord, il n’y a plus de vitres et c’est très difficile à se procurer en ce
moment. Pourtant il faudrait pouvoir fermer un peu pour l’hiver. Les toits avaient beaucoup de mal. On a
défait la vieille lingerie et tout est rangé provisoirement. La maison Bonnaud
a eu une bombe.( voir la note (*)) Même la voute vers la cour a lâché. Une autre bombe sur les cochonniers et le coin des pins. Tout
cela est inutilisable. Une bombe à l’angle du tournant et 2 sur le rocher
au-dessus. Une autre qui était destinée au pont est tombée dans les pins et a
mis le feu. On commence à voir un peu plus clair dans tous ces plâtras. Mais
vous pensez si l’on avalé de la poussière. C’est navrant de penser à tant de
désastres.. et pourquoi ?
Nous avons dû faire constater les dégâts par
huissier et architecte. Touchera-t-on quelque chose ? N’avez-vous pas idée
de l’endroit où peut être le plan de la maison ? Dans le secrétaire il n’y
a que des factures et des devis. Pour le moment il faut s’organiser avec ce
qu’il y a ; on ne peut songer à aucune réparation ; les matériaux
manquent.
Il pleut tout
le temps en ce moment, aussi les vendanges
ne se feront pas avant la semaine
prochaine. On aura le vieux Coste, les Espagnols , Simone (1) et les
enfants. On arrivera. Il n’y a pas tant de raisins avec la sécheresse et
l’oïdium. Le grain est toujours sur l’aire non battu. La batteuse n’a pas pu
revenir de Barjac. On aura peut-être Chalier. Pas mal de gerbes ont servi à la
nourriture des chevaux et au camouflage des voitures. Les fourrages aussi. Vous
voyez ce qui nous reste. Quelle année ! Et tout cela ne serait rien si
l’on ne voyait tant de tristesses autour de nous …
A Montaren Espérandieu est revenu nous assurant de
tout son dévouement, tandis que le Camelier ( ??) est à Uzès. Tous ont fort
à faire. M.Thérèse ( 2) est repartie
voilà quinze jours. Elle m’a rendu bien service avec les enfants à St Médiers.
Cette pauvre Rose était affolée et démoralisée. Et elle a été malade 8 jours en
rentrant ici. Elles sont reparties cette semaine pour Anduze. Et Rose viendra
une quinzaine en Oct. les petites n’ayant pas de manteaux. Il ne s’est pas fait
grand’chose cet été avec tout ce branle-bas. J’ai la chance par exemple de voir
arriver Madeleine mardi. Elle vient de me télégraphier , sûrement au reçu de ma
carte lui racontant notre guigne. Les enfants reprennent figure. Ils avaient
des figures de déterrés au retour de St Médiers. Odile même eu de l’infection intestinale ; mais elle reprend de l’appétit.
Quant à Paul, il va très bien, ne se ressentant pas de tous ces trimballages,
et pourtant il en a fait des courses entre St Médiers et ici ! On a bien
marché. Il fallait aussi n’aller à Uzès qu’à pied… et encore souvent avec le
mitraillage. Quelle vie ! Et notre pauvre Alsace maintenant qui est en
plein combat. Toujours rien de ma belle-mère. Aloïs va toujours mieux, mais il
n’a pas de force bien sûr comme avant. Et puis, tout cela a été beaucoup
d’émotions. Vous ai-je dit que nous avions logé les premières troupes
françaises. Les corps médical avec le Colonel. Ces voitures conduites par des
chauffeuses dont une était d’Issoire. C’est tout de même un drôle de mélange.
Que donneront ces nouvelles méthodes !"
Quelques jours après ce bombardement, ce sont les troupes débarquées en Provence qui arrivent à Uzès. Le commandement vient s'installer à Cruviers avec une armée de petits "annamites" qui voyant le gros micocouliers ont grimpé dans l'arbre pour grignoter des micocoules. Suzanne raconte cela en riant car les enfants revenus à la maison avaient été impressionnés par ces hommes de taille assez petite à la peau jaune.
En dédommagement de guerre, on reconstruira les cochonniers sous le grand mur de l'aire ( aujourd'hui ils ont disparus), le sillo à grains contre le vieux pont de 1899 ce qui est très laid et dénature les lieux et une maison à un étage avec hangars attenants) Cette maison a été aménagée en maison d'habitation. C'est la maison en crépis rose à l'entrée du mas à droite. La ferme Bonnaud trop endommagée a été détruite et ses vestiges sont sous le parking actuel devant cette maison.
Marie Rode/Stengel est décédée en 1978. Ses enfants sont actuellement propriétaires des diverses parcelles du domaine, chacun ayant sa part propre .
Les héritiers Stengel aménageront en appartement la magnanerie du bas, le pailler, la bergerie du bas, lpuis la petite maison construite en dédommagement des dégats de guerre, après que la maison Bonnaud ait été soufflée par une des bombes lachées dans le grand virage en épingle à cheveu..
En 2000 ce sera les nouveaux propriétaires qui aménageront une partie de la ferme du haut près du Vieux Pigeonnier.
sur la base d'une étude de Lionel
d’Albiousse
adaptée et complétée par Jean Mignot
(*) Ce bâtiment en mauvais état, a été soufflé par l’explosion d’une
bombe en Août 1944 ; et a été remplacé, au titre des dommages de guerre
par le petit bâtiment en béton servant de hangar avec une petite habitation au
dessus. Ce bâtiment a été agrandi et est devenu maison d'habitation .
Les biens Larnac ont donc aujourd’hui disparu pour ce qui est du
bâti.
note de Jean Mignot