D’Après le
livre de Marcel Pin :
« Jean
Cavalier » 25 novembre 1681 - 17 mai 1740 paru chez Chastanier frères et
Améras imprimeurs à Nîmes 12 rue Pradier en 1936 - Reédition de Laffite
Reprints Marseille 1980 p 256
Marcel Pin est
né à Alès en 1887 dans une famille de bons notables protestants. Il est avocat.
Le contexte :
Au mois d’août
1703 Bâville est préoccupé, il cherche une solution qui termine la révolte sans
ruiner les contribuables.
L’Intendant a
demandé une Ordonnance Royale permettant d’envoyer aux galères, sur le champ,
tous les nouveaux convertis de 15 à 55 ans, trouvés hors de leurs paroisses
sans passeport.
( copie de cette
Ordonnance fut envoyée par Chamillard à Montrevel le 10 septembre. Un exemplaire
imprimé, daté du 11 septembre, se trouve aux Archives de Toulouse HL 1792)
Toujours
persuadé de la complicité des bourgeois, Bâville a demandé également
l’autorisation de leur imposer une contribution de 200.000 livres, cette somme
permettra de secourir les anciens catholiques .
( le Roi autorisa cette imposition. Note manuscrite de Chamillard sur
la lettre de Montrevel du 16 septembre A.G 1708 111)
Enfin
l’Intendant a proposé le « razement » de trente et une paroisses
cévenoles, il veut, depuis la Lozère jusqu’à l’Aigoual, dépeupler et ruiner la
montagne.
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Il faut
transformer le pays en désert et que les rebelles n’y puissent plus trouver
abri ni subsistance ; tous les villages en sont pauvres et rapportent de
maigres impôts, le Roi n’aura pas trop à souffrir de leur dévastation.
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Montrevel, sans
croire qu’il puisse suffire à calmer la révolte, approuve le projet de Bâville
.
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La Cour hésite .
Le 22 août La Vrillière informa Bâville que le Roi va se déterminer à permettre
le dépeuplement. Avec une incompréhension totale de la situation, le secrétaire
d’Etat aux affaires de la Religion prétendue Réformée demande à l’intendant de
lui adresser un état exact des habitants qui vont être ainsi ruinés.
Le 30 août les
puissances se réunissent à Alais et décident les détails du rasement en
attendant l’autorisation de commencer.
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Les 13 .000
habitants des 31 paroisses seront rassemblés et conduits fort doucement. A
Mèze, Lunel, Lodève, Béziers, casernes ou manufactures sont aménagées et prêtes
à les recevoir, la cité de Carcassonne sera une prison commode ; un soin
particulier sera pris des malades, des femmes enceintes, à l’hôpital de
Montpellier qui est très bon. Les plus gravement atteints iront à Mende «
où ils seront fort bien ». Les maisons elles-mêmes n’auront pas trop à
souffrir. On se contentera de démolir les toits et les planchers.
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Le 14 septembre
l’autorisation du Roi n’est pas encore arrivée. Montrevel s’impatient. Il fait
publier et afficher dans les paroisses condamnées une circulaire préparatoire.
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Enfin le 16, un
courrier-exprès apporte l’autorisation attendue…
Les faits :
Ouvrage de Marcel Pin « Jean
Cavalier » ; Chapitre X : Les représailles de Cavalier - 10
septembre - 1er Octobre 1703
Grâce à
l’indiscrétion des évêques qui, huit jours avant la réponse du Roi, l’avaient
rendu public, les rebelles connaissaient le projet de Bâville . (Montrevel à
Chamillard. Nîmes 14 octobre . AG 1708. 178 H I 1823) Au cours des trois dernières semaines du mois
de septembre, Jean Cavalier, pour retenir dans la plaine les troupes du Roi,
va, avec une impitoyable activité, exercer de cruelles représailles
préventives.
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Dans la nuit du
11 au 12, quinze Camisards, conduisant 8 chevaux, viennent à Cals, hameau de 4
maisons entre Navacelle et La Bégude d’Auzon, ils réquisitionnent 3 salmées
d’avoine, des balles de foin, et les emportent à Bouquet où campent Cavalier et
sa troupe.
Le 12, comme
tombe la nuit, 30 Camisards arrivent à Potelières, domaine de Bérard-Montalet,
baron d’Alais . Par bandes de 3 ou 4, ils fouillent les maisons du
village, fusillent un catholique qui veut s’échapper, en attachent un second en
lui disant que le Saint Esprit commande de le poignarder ; ce dernier est
assez agile pour se libérer, sauter par la fenêtre et disparaître dans
l’obscurité. Aux maisons de Mas, les Camisards tuent ou blessent 9 personnes.
Ils en rassemblent 13 dans l’église ; après les avoir invité à prier Dieu,
Beulaigue, le sacrificateur, les frappe à coups de hache et de baïonnette.
Avant de reprendre la direction de Bouquet, les Camisards incendient 7 maisons,
six habitants y périssent asphyxiés ou brûlés. ( Desbordes à Montrevel.
Auzon 13 septembre . AG 1708. 110)
Alertés par le
paysan qui avait échappé, Desborde, commandant la petite garnison de Rivières,
ne peut que s’attrister en voyant flamber Potelières. Il n’osa pas s’aventurer
dans la nuit et fut sage. Les Camisards avaient posté un détachement de
cavalerie pour surprendre les miliciens s’ils avaient tenté une sortie.
Le 13 au matin,
Desborde et Malbec, habile chirurgien, vont à Potelières, ils comptent les
victimes : 5 hommes et 10 femmes massacrées ; 1 vieillard, 2 hommes,
3 enfants, brûlés ; 2 hommes, 3 femmes, mortellement blesés ; cinq
autres malheureux, transportés à l’hôpital de Rivières, fondation de la
marquise de Portes, guérirent tous les cinq malgré que l’un d’eux eût reçu
vingt-deux coups de baïonnette. (
rapport de Malbec. AG 1708 . 125 Malbec donne la liste nominative et l’âge des
morts et des blessés)
Comme l’avaient
été ceux de Valsauve, les auteurs du massacre de Potelières furent guidés par
des Camisards originaires du voisinage, Boileau de Rochegude dit Beulaigue,
Jacques Bruguier de Cals, d’autres de Tharaux et de Saint Victor. L’inspiration
permettait aux paysans fanatiques d’assouvir leurs ressentiments, longtemps
accumulés, conte les voisins catholiques qui les avaient molestés ou avaient su
profiter des Ordonnances en vigueur pour s’enrichir à leurs dépens.
La nuit même du
massacre de Potelières et à la même heure, ( c'est-à-dire le 12 septembre 1703)
15 camisards brûlent trois maisons à Cruviers-Montaren, ils exécutent à coup de
baïonnettes, haches, dagues, et autres instruments très cruels, Marie Larnac,
ses quatre enfants, Catherine Courtin, enceinte de cinq mois, Jean Chapelier,
âgé de 80 ans, dont la femme valétudinaire est entièrement consumée dans sa
maison. (voir note 1)
Quelques
instants plus tard, les Camisards, conduits par Moïse Nicolas, arrivent à la
métairie de Maillac (voir note 3) appartenant
au chapitre d’Uzès, à quart de lieue de la ville ; le rentier , Pierre Legaud
peut échapper ; couché dans une vigne il voit brûler la métairie ; en
revenant constater le désastre, il trouve, étendus dans la basse-cour, le
cadavre de sa femme, celui de son fils unique, et celui d’un berger. (voir note 2)
Notes :
(Note
1) A.H.C. 267 - Les frères
Larnac, le mari de Catherine Courtin, le fils Chapelier échappèrent. N’étaient
restés dans la métairie que femmes, vieillards, enfants, et deux valets
nouveaux convertis. Les Camisards, après avoir vérifié leur identité,
libérèrent ces deux derniers.
Sur la base du même document des archives de l’Hérault,
une autre source donne la liste plus précise des victimes :
MONTARENT
(12 SEPTEMBRE 1703)
-la femme de
Paul LARNAC et ses quatre enfants. Voici les prénoms de trois : -marie, 14
ans ; -Isabeau, 9 ans ; -Firmin, 17 ans.
-Marie LARNAC,
âgée de 57 ans.
-Catherine
COURTIN, 25 ans enceinte.
-Jean
CHAPELIER, âgé de 80 ans.
-la femme de
Jean CHAPELIER âgée de 70 ans ;
Ces meurtres
furent commis à CRUVIERES, paroisse de MONTARENT.
Il ne peut donc
y avoir aucune confusion comme on l’a souvent fait avec Cruviers-Lascours
(Note
2) A.C.H. 254 . 189
(Note
3) Le mas de Mayac au Nord d’Uzès
Le massacre de Cruviers selon Henri Bosc
dans « La guerre des Cévennes »
tome 2 – page 11 et 112 – Les Presses du
Languedoc Avril 1986 ISBN 2.85998.023.7
Aux mêmes heures
du massacre de Potelières, dans la même nuit du 12 au 13 septembre 1703, une
troupe de douze camisards se rendit à Cruviers où elle incendia trois maisons.
Les rebelles tuèrent Marie Larnac et ses quatre enfants, une autre femme
Catherine Courten, qui était enceinte de cinq mois et Jean Chapelier, vieillard
de 80 ans dont la femme sera retrouvée complètement carbonisée dans les ruines
de sa demeure. Les frères Larnac, le mari de Catherine Courten et le jeune
Chapelier sauvèrent leur vis par la fuite. Les deux valets nouveaux convertis
que les camisards trouvèrent dans la maison furent épargnès. Les Archives
départementales de l’Hérault apportent quelques précisions sur le massacre.
Voici un texte, inédit qui retrace les évènements de cette nuit tragique de 1703, à Cruviers :
«( …)
Sur l’heure de 10 heures du soir, estant venus les Camisards au nombre de dix
ou douze, venant du costé de Saint Médiers. Ils sont alez trouver cinq hommes
couchés à leur bétail. Rossins ( ?) ayant attaché Jean Larnac, fils de
Paul, âgé de 12 ans, avec Jacques Bénézet. On avoit aussy ataché deux autres
nommés Jacques Galdin et Germain… et Jean Chapelier l’ayant attaché tout seul
et ensuite les ayant amenés dans le lieu de Cruviès l’on a trouva une plus
grosse quantité de ces malheureux dont ledit Bénézet se détacha et se sauva.
Les deux Galdin feürent détachés par les autres comme étant nouveaux
catholiques. Il y en avoit une grande quantité dans la maison de Paul Larnac,
ayant commencé à rompre les coffres et d’attacher sa femme et quatre
enfans : les ayant égorgés : la mère aagée de 50 ans ; de ces
filles l’une, apelée Marie aagée de 14 ans, Isabeau aagée de 9 ans, Firmine
aagée de 17 ans. Lequel meurtre feüt commis à la porte de la basse cour les
ayant fait mourir par divres coups de bayonette et d’ache et autres instruments
très cruelz : aynat trouvé Firmine qui respiroit, on la fit emporter au
lieu de Montaranc ( Montaren) estant dans un estat dont elle na pas peü en
relever. On tua aussy au mesme endroit 2 fammes, l’une nommée Marie Larnac,
aagée de 57 ans et l’autre nommée Catherine Courtine ( Courten) sa nièpce aagée
de 25 ans laquelle estoit ensceinte et estoit fille de Jacques Courtin et femme
de Pierre Pialet tuées de mesme que les autres avec coup de dagues et ont tué
aussy à 10 pas de là Jean Chapelier aagé de 80 ans. On a brulé sa famme dans sa
maison… aagée de 70 ans. »
Archives de l’Hérault, C 267 « Ravages
des Camisards » texte peu lisible sur un document en mauvais état.
Ces actes de
violence exécutés en représailles par les rebelles sur les populations civiles
marquent bien jusqu’à quel degré d’exaspération leur soif de vengeance et
leur colère étaient parvenus .
Henri
Bosc
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